Concernant le scoutisme, le
mois de septembre fut très
chargé, étant
donné que
nous ne pouvions
plus nous
appuyer sur
Boris, notre
ami regretté,
nous avons dû
former Jean-Marie, l’ex-assistant
de
Boris en un
temps éclair.
Ce dernier,
poussé par tout
le groupe scout
a repris le flambeau
de chef de
troupe, voulant
faire honneur au
projet de Boris.
Nous avons vu
ce groupe d’une
vingtaine de
scouts et guides
redoubler de
motivation
après le terrible
accident du
mois d’août.
Ils nous demandèrent
un maximum d’activités
pendant le mois, et à chaque
fois, ce ne fut pas 3 ou 4 scouts
ou guides qui venaient mais
plutôt 10 à 15 : un véritable
record, sans précédent !
Nous avons répondu avec
joie à cette motivation et avons
essayé de leur transmettre un
maximum de choses en si peu
de temps.
De plus, tous s’étaient cotisés pour (essayer de) se payer de belles chemises d’uniforme, cela commençait à ressembler à quelque chose et ils en étaient très fiers. Ainsi, nous rencontrions les uns et les autres pour faire du tracking (suivre des pistes plus ou moins camouflées), du gabiérisme, de la transmission, de l’orientation… mais aussi de la culture générale, de la géographie, des sciences de la terre : ils découvrirent à cette occasion que la terre était un globe « flottant » dans l’espace et ne « tombant » pas, chose extraordinaire et sensationnelle !...Ils découvrirent où se trouvait l’Europe par rapport à l’Afrique, Jérusalem et la Judée, le pays de Jésus, et d’autres choses. Nous leur avons offert à cette occasion une carte du monde et un petit globe terrestre acheté au marché.
Le 28 septembre, peu de jours avant notre départ, nous sommes allés chez le Père Laurent Ballas, qui est le curé de la paroisse de Djélibougou, siège des scouts catholiques du Mali. Le Père Laurent est un jeune prêtre français, missionnaire d’Afrique. Il a été très présent après la noyade pour accompagner les scouts et guides traumatisés par l’événement. C’est un prêtre qui a une belle expérience de l’Afrique. Il nous invita chez lui, un petit presbytère abritant deux autres prêtres et un stagiaire. Ce fut pour nous l’occasion de lui transmettre ce que nous avions fait (documents, photos, idées…) afin qu’il en fasse profiter à son tour le mouvement scout malien entier. Il est à l’heure actuelle aumônier de leur association. Thomas lui offrit à cette occasion « Eclaireurs », le livre fondateur du scoutisme afin qu’il en puisse se former et bien comprendre ce qu’est le scoutisme.
En plus de tout cela, les
scouts désiraient camper avant
que nous partions, pour honorer
la mémoire de Boris qui
avait prévu d’organiser un camp
de cinq jours au mois de septembre.
Nous leur avons proposé, avec
l’accord de la communauté, de
camper dans le fond du centre
Abbé David.
Ainsi, le 30 septembre, les
scouts de Sébéninkoro se donnèrent
rendez-vous au Centre
Abbé David, ce fut pour nous
l’occasion de leur donner le
matériel scout que nous avions
accumulé depuis que nous
connaissions : une malle remplie
de bâches, ficelles, deux-trois
hachettes, une scie et quelques
gamelles.
Les
scouts
passèrent
l’après
-midi à
monter
leurs
bivouacs : deux tentes pour les
garçons et une, un peu plus éloignée, pour les filles qui rechignaient
un peu à s’installer
dans les hautes herbes de peur
qu’un serpent ne les morde…
ou de découvrir une bestiole
inconnue et malvenue pendant
la nuit … (comme quoi, les
choses sont les mêmes en France
qu’au Mali !)
Les garçons quant à eux
firent preuve de courage et
surtout de prévoyance en montant
correctement leurs moustiquaires.
Puis vint l’heure de la
préparation du repas, l’efficacité
complète n’était pas encore au
rendez-vous mais l’esprit y était : les garçons et les filles
préparaient alternativement
(grand progrès !)…
Thomas entouré des éclaireurs.
La veillée prévue pour 20h commença vers 21h, avec l’arrivée « surprise » de quelques« grands chefs » (commissaires de district, chefs d’autres unités, le père Laurent Ballas…) et fut une belle fête où les scouts et guides maliens nous témoignèrent de leur reconnaissance et de leur amitié. La prestation d’Abraham (chef de patrouille des loups) dans le rôle du père grincheux qui ne veut pas que sa fille s’inscrive aux guides nous plut particulièrement, et il fut récompensé par le badge « boute-en-train » le lendemain. Ils nous firent participer aux danses et chants (semblables à ce qu’on appelle en France« des bans ») ; ce fut une veillée très festive, bien animée...
Abraham pose fièrement avec son badge.
Les scouts laissèrent la parole à Thomas qui les remercia à son tour, leur parlant brièvement une dernière fois de l’esprit scout et de son application dans leur vie quotidienne. Après une brève prière, les yeux tournés vers les étoiles, le coeur gros, songeant à Boris qui nous regardait certainement, nous sommes allés nous coucher pour la dernière nuit de notre séjour malien. Le lendemain, la troupe était rassemblée pour nous chanter le traditionnel chant d’Aurevoir scout, interprété à l’Africaine, Jean-Marie au djembé et tout le monde dansant légèrement en rythme : « Ce n’est qu’un aurevoir… Nous nous reverrons mes frères ! » (vidéo à voir sur Internet, ça vaut le détour !)
Dernier jour au Mali, et nous n’avions pas encore pris le temps d’aller dire au-revoir à notre frère scout qui restera au cimetière de N’Golonina Malgré les courses de dernière minute à faire à droite à gauche, les valises à boucler, les adieux à donner… nous avons donc pris le temps de retourner au cimetière… où une surprise, un message d’espoir nous attendait. Ces trois tombes, de simples tas de terre avec une croix en bambou branlante… d’une austérité déconcertante… mais nous avons découvert avecétonnement que la croix de Boris, le bambou planté par les scouts, avait pris racine, et au lieu de se dessécher comme les deux autres, était vert… et avait même fait une petite pousse ! Beau clin d’oeil…