Journal : du 1er septembre au 2 octobre 2007.

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Concernant le scoutisme, le mois de septembre fut très chargé, étant donné que nous ne pouvions
plus nous appuyer sur Boris, notre ami regretté, nous avons dû former Jean-Marie, l’ex-assistant de
Boris en un temps éclair.

Ce dernier, poussé par tout le groupe scout a repris le flambeau de chef de troupe, voulant faire honneur au projet de Boris. Nous avons vu ce groupe d’une vingtaine de scouts et guides redoubler de motivation après le terrible accident du mois d’août. Ils nous demandèrent un maximum d’activités pendant le mois, et à chaque fois, ce ne fut pas 3 ou 4 scouts ou guides qui venaient mais
plutôt 10 à 15 : un véritable record, sans précédent ! Nous avons répondu avec joie à cette motivation et avons essayé de leur transmettre un maximum de choses en si peu de temps.


Rassemblement.

De plus, tous s’étaient cotisés pour (essayer de) se payer de belles chemises d’uniforme, cela commençait à ressembler à quelque chose et ils en étaient très fiers. Ainsi, nous rencontrions les uns et les autres pour faire du tracking (suivre des pistes plus ou moins camouflées), du gabiérisme, de la transmission, de l’orientation… mais aussi de la culture générale, de la géographie, des sciences de la terre : ils découvrirent à cette occasion que la terre était un globe « flottant » dans l’espace et ne « tombant » pas, chose extraordinaire et sensationnelle !...Ils découvrirent où se trouvait l’Europe par rapport à l’Afrique, Jérusalem et la Judée, le pays de Jésus, et d’autres choses. Nous leur avons offert à cette occasion une carte du monde et un petit globe terrestre acheté au marché.


Un peu de sport !

Le 28 septembre, peu de jours avant notre départ, nous sommes allés chez le Père Laurent Ballas, qui est le curé de la paroisse de Djélibougou, siège des scouts catholiques du Mali. Le Père Laurent est un jeune prêtre français, missionnaire d’Afrique. Il a été très présent après la noyade pour accompagner les scouts et guides traumatisés par l’événement. C’est un prêtre qui a une belle expérience de l’Afrique. Il nous invita chez lui, un petit presbytère abritant deux autres prêtres et un stagiaire. Ce fut pour nous l’occasion de lui transmettre ce que nous avions fait (documents, photos, idées…) afin qu’il en fasse profiter à son tour le mouvement scout malien entier. Il est à l’heure actuelle aumônier de leur association. Thomas lui offrit à cette occasion « Eclaireurs », le livre fondateur du scoutisme afin qu’il en puisse se former et bien comprendre ce qu’est le scoutisme.


Apprentissage de la boussole.

En plus de tout cela, les scouts désiraient camper avant que nous partions, pour honorer la mémoire de Boris qui avait prévu d’organiser un camp de cinq jours au mois de septembre. Nous leur avons proposé, avec l’accord de la communauté, de camper dans le fond du centre Abbé David.
Ainsi, le 30 septembre, les scouts de Sébéninkoro se donnèrent rendez-vous au Centre Abbé David, ce fut pour nous l’occasion de leur donner le matériel scout que nous avions accumulé depuis que nous connaissions : une malle remplie de bâches, ficelles, deux-trois hachettes, une scie et quelques gamelles.


Les tentes des éclaireurs.

Les scouts passèrent l’après -midi à monter leurs bivouacs : deux tentes pour les garçons et une, un peu plus éloignée, pour les filles qui rechignaient un peu à s’installer dans les hautes herbes de peur qu’un serpent ne les morde… ou de découvrir une bestiole inconnue et malvenue pendant la nuit … (comme quoi, les choses sont les mêmes en France qu’au Mali !) Les garçons quant à eux
firent preuve de courage et surtout de prévoyance en montant correctement leurs moustiquaires. Puis vint l’heure de la préparation du repas, l’efficacité complète n’était pas encore au rendez-vous mais l’esprit y était : les garçons et les filles préparaient alternativement (grand progrès !)…


Béa entourée des guides.


Thomas entouré des éclaireurs.

La veillée prévue pour 20h commença vers 21h, avec l’arrivée « surprise » de quelques« grands chefs » (commissaires de district, chefs d’autres unités, le père Laurent Ballas…) et fut une belle fête où les scouts et guides maliens nous témoignèrent de leur reconnaissance et de leur amitié. La prestation d’Abraham (chef de patrouille des loups) dans le rôle du père grincheux qui ne veut pas que sa fille s’inscrive aux guides nous plut particulièrement, et il fut récompensé par le badge « boute-en-train » le lendemain. Ils nous firent participer aux danses et chants (semblables à ce qu’on appelle en France« des bans ») ; ce fut une veillée très festive, bien animée...


Abraham pose fièrement avec son badge.

Les scouts laissèrent la parole à Thomas qui les remercia à son tour, leur parlant brièvement une dernière fois de l’esprit scout et de son application dans leur vie quotidienne. Après une brève prière, les yeux tournés vers les étoiles, le coeur gros, songeant à Boris qui nous regardait certainement, nous sommes allés nous coucher pour la dernière nuit de notre séjour malien. Le lendemain, la troupe était rassemblée pour nous chanter le traditionnel chant d’Aurevoir scout, interprété à l’Africaine, Jean-Marie au djembé et tout le monde dansant légèrement en rythme : « Ce n’est qu’un aurevoir… Nous nous reverrons mes frères ! » (vidéo à voir sur Internet, ça vaut le détour !)


"Ce n'est qu'un Au-revoir..."

Au-revoir Boris !

Dernier jour au Mali, et nous n’avions pas encore pris le temps d’aller dire au-revoir à notre frère scout qui restera au cimetière de N’Golonina Malgré les courses de dernière minute à faire à droite à gauche, les valises à boucler, les adieux à donner… nous avons donc pris le temps de retourner au cimetière… où une surprise, un message d’espoir nous attendait. Ces trois tombes, de simples tas de terre avec une croix en bambou branlante… d’une austérité déconcertante… mais nous avons découvert avecétonnement que la croix de Boris, le bambou planté par les scouts, avait pris racine, et au lieu de se dessécher comme les deux autres, était vert… et avait même fait une petite pousse ! Beau clin d’oeil…